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XII-Le Pendu : Interprétation

Tirage approprié

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Signification / Interprétation

Le Pendu fait partie de ces lames que les gens n’aiment pas, au même titre que l’Arcane Sans Nom, le Diable ou la Maison Dieu… C’est vrai que le réalisme et la violence de leurs images font peur…
Il faut lire pourtant les lames du Tarot sur le plan symbolique et ésotérique, et non au premier degré.

Car l’Arcane XII est un magnifique symbole : il représente le lâcher prise, la nécessité de lâcher l’ego, la méditation, le renoncement, le sacrifice.
Cependant, il symbolise aussi le fait d’être ligoté (on n’a pas la main sur les choses), d’être coincé dans une situation peu confortable.

Ce sacrifice de l’ego signifie que l’on doit réfléchir aux choses – habitudes, sentiments, modes de pensée – auxquelles ont est accroché. Il s’agit de lâcher notre vieille personnalité pour devenir l’être nouveau que l’on est.

Parce que cet état de lâcher prise et d’abandon – qui permet d’accepter son destin – est une étape décisive sur le chemin de la réalisation du Soi (ou du Grand Oeuvre, pour reprendre le langage alchimique).

Le Pendu nous rappelle la nécessité de changer de point de vue, de voir les choses autrement, d’accepter qu’on n’a pas la main sur l’action pour le moment.

Il représente la prudence, l’une des quatre vertus cardinales : le fait d’agir prudemment, de réfléchir avant d’agir. Il nous dit d’attendre, d’intégrer le chemin déjà parcouru, avant de lancer de nouvelles actions quand le moment sera opportun. Car le moment d’agir n’est pas venu. C’est une pause avant de poser une action, ou de prendre une décision, une gestation avant une nouvelle naissance.

Le Pendu arrête toute action visible pour se consacrer à l’invisible, à l’observation des pensées, à la méditation.

Cet Arcane rappelle celui de la Papesse : gestation, silence intérieur et état méditatif.

Il évoque également la position du fœtus « in utero » : il est dans un état de pré-naissance, de vide mental. Il se recharge énergétiquement dans cette posture.

Cet arrêt est une transition, il prépare une transformation. C’est un passage du concret à l’abstrait, et par conséquent, un état de non affectivité, d’équanimité : l’acceptation de tout ce qui est, aussi bien les événements heureux que malheureux, en demeurant d’humeur égale. Il s’agit de se couper du monde et de l’action, de descendre pour remonter et ensuite agir : l’aboutissement de ces actions sera l’Arcane XXI du Monde.

De la non action naîtra l’action juste, de la chute surgira l’ascension.

Sur le plan physique, l’Arcane du Pendu évoque les postures inversée du Hatha Yoga (posture du Chien tête en bas, posture de la Chandelle, posture sur la tête…) :  en plus de leurs bienfaits physiologiques évidents (notamment sur le système veineux, le système nerveux…), ces postures offrent l’avantage – sur le plan symbolique et psychique – de nous donner à voir les choses sous un autre angle.

La posture inversée du Pendu suggère l’image d’une flamme : pour Marcel Picard, « le Tarot est un chemin de vie et de lumière, l’ombre y est élevée à son plus haut niveau de compréhension et finalement transformée en vérité limpide ». Cette flamme « danse dans l’invisible, son sol est aérien, son mystère, divin ».

D’ailleurs, l’Arcane XII est l’inverse du Monde, l’Arcane XXI. Les deux personnages de ces deux lames ont la même position de jambes (une jambe tendue, une jambe rempliée) : cela veut dire que pour s’accomplir soi même dans sa vérité (signification de l’Arcane XXI), il est nécessaire au préalable d’entrer en soi, dans la profondeur du silence, avec une orientation méditative qui est au-delà du mental et de l’ego-personnalité.

Le Pendu, « c’est l’Homme renversant son action pour l’orienter vers le spirituel, dans un sentiment d’attente, d’abnégation ».

Paul Marteau

Mots clefs

Arrêt, méditation, don de soi, abnégation, acceptation, sacrifice moral ou physique, sacrifice consenti, sacrifice libératoire, non action, pause, oubli de soi, vie spirituelle, désintéressement, lâcher prise, destin, karma, arbre généalogique, naissance, blocage, secret, attente, délai, dépouillement, abandon, renoncement, renversement, retournement des perspectives, profondeur, grossesse, gestation, repos, immobilité, forces intérieures, prière, plans bien conçus mais demeurant théoriques, promesses non tenues, pertes, autopunition, projet douteux, manque de détermination, flottement.


Description de la carte

Un jeune homme est pendu par un pied (une corde est attachée à sa cheville gauche), à un gibet posé sur deux arbres sans feuillage ; sa jambe droite est repliée, ses mains sont croisées derrière son dos. Il a les yeux ouverts et regarde de face.


Ce que me dit Le Pendu

« Je suis suspendu à l’arbre de vie et je ne bouge plus. J’ai la tête près de la Terre et les pieds vers le Ciel. J’ai la tête à l’envers pour voir autrement le fil de ma vie, et prendre le temps de comprendre les actes du passé. J’ai une corde attachée au pied pour me rappeler tout ce dont je dois me détacher.
Je suis immobile et je regarde devant moi. Pas de regrets, pas de projets, pas de peurs : juste la présence à moi même. Le dénuement et le détachement sont nécessaires pour accueillir en moi le silence porteur de sagesse. Les réponses justes arrivent dans la non action et l’écoute consciente.
Le temps d’agir viendra au moment de ma renaissance, comme les graines qui sortent de la Terre au printemps pour se transformer en plantes et en arbres, en fleurs et en fruits.
Comme le méditant, je suis dans une attention vigilante envers moi même et je médite sur ma vie.
Je suis pendu au temps suspendu : je prends une grande, longue et profonde respiration pour traverser ce passage intérieur avec conscience et douceur.
Alors, quand le moment sera venu de bouger, je pourrai plonger de nouveau dans le flot d’énergie de la Vie, en étant plus aligné, plus centré : j’accueillerai cet autre moi même que je suis devenu, encore plus proche du coeur du Soi. »


Étymologie du nom et signification

Le mot « pendu » est apparu au XIIIe siècle, il vient du latin « pendere ».

D’après Isabelle Nadolny, « Les anciennes dénominations italiennes désignaient cette carte comme celle du « Traditore », le traître. La pendaison par un pied était une peine de l’Italie urbaine de la fin du Moyen Age infligée aux traîtres, aux gens coupables de malversation, de faux serment, de trahison, aux usuriers, aux idolâtres. Ce châtiment était un supplice de représentation : il entachait la renommée du coupable, sa « fama ». Or perdre sa « fama », c’est devenir pour toujours un paria, un citoyen de catégorie inférieure, un « malfamé ». L’idolâtrie était perçue comme la pire des trahisons : on renie, donc on trahit Dieu lui même.

En réalité, parmi l’immense arsenal mis en place par l’humanité pour faire souffrir son prochain, ce type de supplice n’a quasiment pas existé. C’est la pendaison par le cou qui est la peine de mort la plus pratiquée à cette époque, rejoignant ce système d’exécution infamante par représentation : la pendaison est la peine des roturiers, ou des criminels particulièrement méprisés, car les nobles sont décapités. Les pendus pourrissent sur le gibet sans sépulture chrétienne. Le Pendu du Tarot n’est pas à l’origine un martyr qui se sacrifie, mais un ignoble traître, la lie de l’humanité ».


Symbolique

l’arbre : Les deux arbres représentent la dualité. Ils symbolisent aussi l’arbre généalogique et les effets de la dynamique transgénérationnelle dans notre existence : ce qui nous parvient des générations précédentes et qui agit encore de manière non consciente dans notre vie, représentant une entrave (le Pendu a les mains et les pieds liés : il ne peut pas agir) dans l’expression de notre liberté individuelle.

« Le transgénérationnel est l’ensemble des mémoires qu’une personne porte et qui lui ont été transmises par son arbre généalogique. Par mémoires, on entend : inclinaisons, émotions et comportements qui ne sont pas en relation directe avec le présent mais qui se rapportent à un événement passé connu ou inconnu de la personne ».

Source : http://www.constellations-familiales.eu/

la corde : C’est le symbole de passage entre la vie et la mort, entre le visible et l’invisible : l’arrêt que vit le Pendu est comme une « mort » symbolique, mort de l’action, de la pensée, des projets…


Avec l’astrologie

Saturne : le temps, la patience.

Neptune : la connexion à l’Absolu.

les 12 signes du Zodiaque : représentées par les 6 branches sur chaque arbre, soit 12 branches.

la 12e maison astrologique et le signe analogique des Poissons : elle représente l’introspection, le « Moi » intérieur, les crises psychologiques, l’inconscient (surtout collectif et familial), le rêve, l’imaginaire, la solitude, le secret (la vie cachée, l’ombre), le sacrifice (ou la soumission, la passivité), la spiritualité, la méditation, la retraite (se retirer en vue de se préparer), les épreuves (matérielles et spirituelles), l’enfermement, les ennemis cachés (par opposition aux ennemis déclarés de la Maison 7), les maladies chroniques et le temps de la guérison (source : https://passion-astrologue.com/maison-12-en-astrologie-introspection/)


En psychologie des profondeurs (C. G. Jung)

La notion de sacrifice et de perte fait partie du processus psychologique : il s’agit d’abandonner le connu et de rompre avec le passé (notamment avec l’arbre généalogique), de lâcher les peurs et les blessures de l’ego, afin d’accéder à notre véritable nature. Ce processus doit nécessairement comporter des phases de sacrifices.


En numérologie

Le 12 symbolise l’Univers tel qu’il se déploie dans l’espace du ciel (= les 12 signes du Zodiaque) et dans le temps (= les 12 mois de l’année).
Le symbolisme zodiacal se retrouve dans l’Ancien Testament :

« Moïse divisa son peuple en 12 tribus parce que ce Nombre est le plus parfait et correspond aux 12 mois qui forment l’année entière ».

Diodore
  • Dans l’Antiquité grecque, on peut citer les 12 travaux d’Hercule.
  • Les Grecs donnaient aux 12 signes du Zodiaque une correspondance avec les parties du corps et avec des plantes.
  • Dans le Nouveau testament, Jésus choisit 12 apôtres :

« Il y a 12 apôtres parce que l’Évangile devait être prêché aux quatre coins du monde au nom de la Trinité : or quatre fois trois font douze ».

Saint Augustin

12 est aussi l’inverse de 21, c’est à dire l’Arcane du Monde marquant l’aboutissement du chemin du Tarot et l’annonce d’un nouveau cycle à venir.


En alchimie

  • Ce symbole est pour Jung un moment essentiel du processus d’individuation qu’il reconnaissait comme le sens même du travail alchimique : c’est à dire l’union des contraires (Animus-Anima) représentée par le « rebis » (le double) alchimique.
  • Pour Marcel Picard, le sourire sur le visage du Pendu marque « l’acceptation et la soumission joyeuse à la « mort » vécue dans la certitude du très proche accomplissement du Grand Oeuvre ».

Dans la Kabbale

 lamed : ל – L’aiguillon ou le bâton (le grand œuvre, enseigner)


2 réflexions sur “XII-Le Pendu : Interprétation”

  1. CATHERINE LAFFOND

    Merci beaucoup pour cette analyse du tarot de marseille qui correspond à ma façon de travailler le tarot de Marseille. votre travail est riche et passionnant. Merci pour celui-ci.

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